AccueilA la UneConcert-Rap : battle explosive à l’Opéra de Nice

Concert-Rap : battle explosive à l’Opéra de Nice

COMPTE-RENDU : L’Opéra Nice Côte d’Azur a réuni classique et rap dans une fascinante confrontation amicale et musicale entre la mezzo-soprano Marina Viotti, le slameur Ismaël Metis, les rappeurs Malcom Veludo & JKanda, l’Ensemble Matheus et l’Orchestre Philharmonique de Nice, le tout dirigé par Jean-Christophe Spinosi.

OpéRap, rencontre justifiée

L’annonce par la maison lyrique azuréenne d’un “Concert-Rap” pouvait tout autant piquer la curiosité que susciter l’enthousiasme ou le doute. Pour juger sur pièce, rien de mieux que de se rendre sur place. Heureusement, et d’emblée, le projet ne ressemblait pas à ces initiatives un peu démagogiques consistant à forcer la rencontre d’esthétiques et de pratiques injustement considérées comme opposées : la diva choisie pour inaugurer ce Concert-Rap n’est autre que Marina Viotti qui chantait du Heavy metal avant que sa voix d’opéra ne la mène à décrocher sa Victoire de la Musique Classique le mois dernier. Et en termes de récompenses, les deux rappeurs et le slameur n’ont pas à rougir, eux qui sont lauréats du programme « Mozart dans la Cité » lancé en 2019 par Jean-Christophe Spinosi et l’Ensemble Matheus. Ce Concert-Rap est à l’image de l’Opéra de Nice, placé sous la Direction de Bertrand Rossi venu “en réformateur”. Après avoir créé le Festival “Metal Up The Opera”, c’est désormais le rap qui fait vibrer les velours du Théâtre municipal.

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Il suffit enfin de lire la présentation du concert, qui rattache savamment l’art du slam à ce que dit le légendaire Manuel Garcia sur la qualité de “parler les récitatifs”, pour être convaincu de l’entreprise, à l’image du chef d’orchestre Jean-Christophe Spinosi qui ne cache pas son enthousiasme sur scène. Le concert suit alors le concept de la battle (que partagent aussi bien le monde classique avec les concours de virtuosité, que celui du rap tel que mis en scène dans le film 8 Mile avec Eminem).

« You better lose yourself » : tu ferais mieux de te laisser emporter, dit justement Eminem dans son fameux freestyle d’8 Mile
2 en 1 !

Le cadre est ainsi posé, et même davantage encore car ce concert profite du décor installé en ce moment même pour la production de Falstaff (qui passe d’une façade d’immeuble taguée à une riche villa avec piscine, rappelant la diversité locale également).

Falstaff par Daniel Benoin (© Dominique Jaussein)

La plongée se fait néanmoins en douceur, avec l’ouverture de L’Olimpiade de Vivaldi, dont une batterie vient doucement s’imprégner du thème et l’apprivoiser. S’ensuit un grand crescendo émotionnel mêlant sensibilité et intensité musicale. La mezzo-soprano Marina Viotti se prête au jeu de la dynamique moderne avec une énergie débordante, en encourageant le public à se lâcher, comme dans les concerts populaires. Sa voix, qui en impose à travers les registres, s’adapte aussi bien par ses graves généreux que par ses aigus timbrés et purs, en sachant doser, s’éloigner et se rapprocher du micro afin de ne pas couvrir les autres artistes. Dans son élan, elle poursuit dans un slam soutenu par ses partenaires de scène. Le slameur Ismaël Metis épouse ainsi la sensibilité poétique du chant par celle de ses intentions dialoguées. Les longues phrases suaves et à peine timbrées du slameur sont ponctuées de petites variations orientalisantes, celles du célèbre “Cum dederit” de Vivaldi. Soudés comme les deux doigts de la main, les rappeurs Malcom Veludo & Jkanda font eux aussi sensation avec leur énergie communicative, plongeant le théâtre dans l’ambiance d’un concert de rap. La maîtrise assurée et fluide des (jeux de) mots s’enchaine et compose un langage commun, universel (sans se priver de piques amusantes comme « Allegro » qui devient « Allez, gros ! »).

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La rencontre a ainsi l’attrait de la nouveauté avec, dans le même temps, un dialogue paraissant déjà rôdé (seuls les équilibres de la sonorisation resteront à revoir pour la prochaine fois). Les violons appuient les pointes de leurs archets pour accentuer les rimes, qui semblent encore slamer et rapper (sans jamais râper) dans les sommets symphoniques de la soirée.

Le public applaudit chaleureusement cette proposition, finissant debout et dansant, comme il semble prêt à continuer de le faire en sortant pour poursuivre la soirée : enthousiasmé par ce test réussi, marquant une nouvelle façon de faire découvrir et dialoguer les univers…

Image de Couverture – © Dominique Jaussein

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