AccueilA la UneChapeau bas, pour Ô mon bel inconnu à l'Athénée

Chapeau bas, pour Ô mon bel inconnu à l’Athénée

LYRIQUE – Une comédie musicale drôlissime et pétillante mettant à l’honneur les années folles. Chapeau bas pour cette histoire trépidante de chapelier tiraillé entre sa femme, sa fille et sa bonne. 

Saviez-vous que les petites annonces se révélaient en leur temps plus efficace que Tinder ?

O mon bel inconnu raconte l’histoire toute simple du chapelier Prosper Aubertin, marié et père de famille, qui rêve d’adultère et qui un jour saute le pas et passe une petite annonce pour trouver maîtresse. « Je m’embête comme un rat mort derrière une malle » nous chante-il. Son annonce dans la rubrique de la « Petite correspondance » d’un journal tient en quelques mots « Monsieur célibataire et riche cherche âme sœur ». Et bien, croyez-le ou non, 131 réponses arrivent ! On peut dire que c’est même plus efficace que Tinder et que riche reste un mot magique pour trouver chaussure à son pied… ou chapeau à sa tête. On se doute bien que cela va déclencher quelques situations cocasses digne de Feydeau, notre cher Prosper reconnaissant malheureusement, parmi les courriers reçus, les écritures de son épouse Antoinette et de sa fille Marie-Anne ! Sans oublier de dire que la comtesse avec qui il correspond en parallèle n’est autre que sa bonne, Félicie. « Pour épancher leur cœur ainsi… faut-il qu’elles soient malheureuses ! ». Nous avons ici trois types d’amoureuses qui aspirent à un amour idéalisé, qui leur permettrait de sortir de leur quotidien. Elles ont envie d’ailleurs et cette scène de trio « o mon bel amour », d’ailleurs très réussie, le prouve : l’inconnu est très attrayant et nous fait fantasmer. 

Une collaboration réussie entre deux grands maestros

Cette comédie musicale est le fruit de la collaboration de deux grands maîtres : Sacha Guitry pour le livret, grand spécialiste des jeux de mots et des quiproquos adultérins, et Reynaldo Hahn, à la musique pétillante et enjouée. Véritable succès à sa création en 1933, dans un Paris d’entre-deux guerres qui avait un besoin énorme de légèreté, cette pièce reprend tous les codes du vaudeville en musique. Le décor, articulé autour d’un escalier, de portes et d’une boutique de chapeau fonctionne plutôt bien. Tout comme les costumes d’Anne-Sophie Grac, avec ses longues robes fluides élégantes qui nous plongent dans les années folles avec ses couleurs et sa touche Art Déco. 

Chapeau bas pour Emeline Bayart !

La mise en scène tout en légèreté est une vraie réussite. Chapeau bas pour Émeline Bayart, qui semble avoir plus d’une corde à son arc, car elle reprend aussi le rôle de la bonne Félicie et marche dans les pas de la légendaire Arletty, qui l’avait interprété en 1933. Ses mimiques et sa désinvolture gouailleuse nous font rire. Elle est drôle, vraiment drôle. Émeline Bayart est aussi bien connue pour ses rôles au théâtre, ses mises en scène mais aussi du grand public pour ses rôles au cinéma dont celui du personnage de Bécassine en 2018 dans l’adaptation de Denis Podalydès.

Émeline Bayart, hilarante dans le rôle de la bonne, Félicie ©Marie Pétry

Des comédiens chanteurs incroyables 

Comme dans tout bon vaudeville musical, le succès de la réussite incombe aussi à ses interprètes, autant acteurs que chanteurs. Clémence Tilquin (la mère Antoinette) est magistrale avec sa voix au timbre satinée dans le rôle de l’épouse élégante et coquette qui pourrait flancher à tout instant pour une aventure coquine mais qui est rattrapée finalement par le sens du devoir. Sheva Tehoval (Marie-Anne) est superbe en jeune fille à la fois délicate mutine, rêveuse mais aussi un peu garce, dont le cœur oscille entre amour virtuel et amour réel, dans « le  jeune homme aux quatre chapeaux ». Le baryton Marc Labonnette interprète un chapelier père de famille aux petits oignons digne de Jacques Tati. Jean-François Novelli est hilarant dans le double-rôle de l’amoureux impétueux et collant dans l’acte I avec la chanson « je vous ai pincé le derrière » et du riche propriétaire dans l’acte II qui remet dans le droit chemin l’épouse « la plus honnête des femmes »… mais s’envoie en l’air avec la bonne… Victor Sicard est toujours aussi impeccable dans le rôle du jeune amoureux. Carl Ghazarossian est désopilant en confident Lallumette. Muet au début, il se transforme en ténor éloquent dans la scène finale pour (enfin !) chanter tout ce qu’il sait. 

En résumé, L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet et le Palazzetto Bru Zane nous ont divertis, le temps d’une soirée, avec cette comédie musicale drôlissime et pétillante, prouvant une fois de plus que le vaudeville n’est pas mort et réjouit encore le public, un siècle plus tard. 

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