AccueilA la UneLe Québec à Paris : Marie Nadeau-Tremblay n'est plus seule

Le Québec à Paris : Marie Nadeau-Tremblay n’est plus seule

CONCERT – Le festival « Le Québec à Paris », organisé par le label ATMA Classique, a pour objectif de faire connaître des artistes québécois sur les rives de Seine, au-delà du Saint Laurent. L’un des concerts de sa première édition a permis de découvrir une jeune et talentueuse violoniste…

Marie Nadeau-Tremblay a été sacrée Révélation de l’année 2021-2022 par Radio-Canada. Spécialisée en violon baroque, elle propose un programme intitulé « Préludes et solitudes », en référence à son album conçu et enregistré en 2021 lors de la période du confinement. Tout au long du concert, elle présente sa démarche créative ainsi que les pièces choisies, (la plupart figurant sur le CD) avec sensibilité, originalité et une pointe  d’humour.

Le domaine de la solitude

Le confinement qui, tout comme en France, s’échelonna sur plusieurs mois au Canada, fut une période difficile pour les artistes, qui ont dû alors trouver des moyens pour y faire face. Durant cette période surréaliste, la musicienne s’est retrouvée seule, son violon devenant alors son compagnon, son confident, celui avec qui elle s’exprime et échange. La solitude se prête aussi à rêver, dessiner ou écrire. Artiste complète et accomplie, son CD est entièrement conçu par elle : les illustrations, les textes, les poèmes accompagnant chaque pièce musicale. 

Dans cet enfermement forcé où l’esprit avait besoin de laisser-aller, le choix s’est porté tout naturellement vers des pièces prêtant à l’improvisation, la liberté ou la spontanéité dans l’interprétation : des préludes, des fantaisies, une passacaille, des chansons avec variations. 

La couverture du disque de Marie Nadeau-Tremblay ©Marie Nadeau-Tremblay
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Le concert s’ouvre avec une Fantaisie de Nicola Matteis  portant la précision « con discrezione ». D’emblée, l’auditeur est immergé dans l’univers intimiste de la musicienne, avec discrétion. Elle s’affranchit des règles académiques par une grande liberté rythmique. Les sons  pianissimo  flottent avec parfois une hauteur légèrement fluctuante, elle effleure les cordes avec un dosage précis du poids de l’archet pour construire un phrasé legato (lié)  donnant à la musique souplesse et naturel. S’enchaîne une fantaisie de Georg Philipp Telemann qu’elle présente comme « une basse-cour », un dialogue entre des poules et un âne (pour le 2ème mouvement). Le jeu est alors plus contrasté, alternant sauts de cordes, attaques brillantes, staccato, rebonds. L’archet mouline ou au contraire pointe la corde tel un fleuret. 

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Rosa, rosas, rosae… Rosaire !
Marie Nadeau-Tremblay ©Véronique Boudier

Comme elle le précise, les cordes du violon baroque sont en boyau nu. Le violon prend son âme, ses couleurs, sa résonance progressivement, comme la suite du programme le fait entendre. Des pièces tantôt joyeuse (un prélude de T.Baltzar), tantôt triste ou nostalgique (un prélude de H. Purcell, l’Annonciation et la Passacaille de Heinrich Biber) se succèdent. Dans la Passacaille, elle révèle tout son talent et porte la rhétorique baroque à un haut niveau. Elle déploie une kyrielle d’émotions, celles liées intrinsèquement au mysticisme des Sonates du Rosaire (la Passacaille étant la dernière sonate) mais aussi celles certainement ressenties lors du confinement. Le tétracorde descendant, joué en ostinato d’un bout à l’autre, sonne comme le temps inexorable, la fatalité, l’enfermement. Les 65 variations construites autour traduisent l’âme qui vagabonde, s’échappe. Les pieds ancrés dans le sol, le haut du corps mouvant, les yeux fermés, la musicienne concentrée semble se remémorer cette période si particulière. L’éloquence de son discours chemine vers la lumière par une diversité dans les phrasés, les couleurs, les nuances. La violoniste possède un potentiel émotionnel surprenant, non pas par un luxe de détail décoratif dans son jeu mais  par un son, une présence, une éloquence méditative.

Seule… et accompagnée !

 Elle maîtrise aussi l’art de la diminution (procédé qui consiste à raccourcir un chant en en diminuant proportionnellement la durée de chacune de ses notes) dans l’air Une jeune fillette, qui conclut son programme, harmonisé pour 2 basses de viole et violon. Marie Nadeau-Tremblay précise qu’elle a écrit les variations. Par les sonorités riches des trois instruments à cordes mêlés, c’est une alchimie entre musique populaire et composition savante qui s’opère laissant aussi s’épanouir le timbre des violes de gambes jouées par Mélisande Corriveau et Susie Napper. 

Après des applaudissements chaleureux, la violoniste propose en rappel une autre chanson avec variations : Greensleeves

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