AccueilA la UneBéjart : la valse à trois temps du grand Maurice

Béjart : la valse à trois temps du grand Maurice

DANSE – Trois ballets majeurs de Maurice Béjart retrouvent la scène de l’Opéra Bastille : L’Oiseau de Feu sur la musique d’Igor Stravinsky, Le Chant du Compagnon Errant sur le cycle de lieder de Gustav Mahler et l’incontournable Boléro d’après Maurice Ravel. Avec la présence des étoiles de l’Opéra National de Paris dans les rôles centraux, les chorégraphies de Béjart saisissent toujours autant le public, en ce premier quart du 21e siècle, par leur pertinence et leur lisibilté.

L’Oiseau de Feu, ardent

Ouvrant la soirée, L’Oiseau de Feu, sur la musique de Stravinsky, n’a décidément pas pris une ride depuis sa création par le Ballet de l’Opéra de Paris en 1970. Avec son décor et ses costumes dépouillés, magnifiés par des éclairages rougeoyants, Maurice Béjart vise ici à l’essentiel et à la densité du propos. Autour de l’Oiseau de Feu et de l’Oiseau Phénix, la troupe de danseurs et danseuses déploie une énergie permanente, presque incandescente de jeunesse, qui, cependant, parvient à traduire toute la part d’émotion que ce ballet dégage.

Matthieu Ganio en oiseau de feu ©Julien Benhamou

Avec L’Oiseau de Feu, Maurice Béjart clôt son triptyque consacré au compositeur russe, après avoir chorégraphié Le Sacre du Printemps et Les Noces. Béjart avait offert le rôle-titre à Michael Denard, récemment disparu, qui, par sa grâce et sa sensibilité intuitive, devait marquer à jamais ce ballet qu’il interpréta aux quatre coins du monde. Matthieu Ganio lui succède aujourd’hui, offrant un portrait plus viril, plus contrasté peut être, porté par une technique superlative et une puissance expressive qui constituent assurément la colonne vertébrale de cette reprise. Florimond Lorieux, au physique certes moins imposant, s’impose par la part de vérité et la délicatesse de sa prestation dans l’Oiseau Phénix.

À lire également : Oiseau de feu, paré au décollage ! 
Un pas de deux déchirant sur la musique de Mahler

Les étoiles Germain Louvet et Hugo Marchand interprètent ce vaste pas de deux, créé en 1971 par Rudolf Noureev et Paolo Bortoluzzi. Ce ballet, inscrit au programme de l’Opéra national de Paris depuis 2003, repose sur le cycle des quatre Lieder constituant Le Chant du Compagnon errant de Gustav Mahler. Maurice Béjart, on le sait, s’intéressait plus que tout autre chorégraphe à toutes les formes musicales, quelques soient leurs origines ou leurs esthétismes. Ce cycle, dont Mahler a écrit musique et paroles, devait de fait lui inspirer un des ballets les plus intimes et les plus proches de ses propres préoccupations.

Hugo Marchand et Germain Louvet ©Julien Benhamou

L’errance de ce jeune homme à la recherche de sa destinée, de son maître à penser, ne pouvait que pleinement l’inspirer. Dans ce dialogue à deux corps, les deux étoiles font preuve d’une générosité de chaque instant, l’un s’articulant avec l’autre dans une plénitude rare. La perfection technique des interprètes semble comme disparaître sous la recherche pleine et entière de la cohérence artistique la plus aboutie. Cette approche se trouve par ailleurs marquée par le soucis inné de peindre une humanité plus universelle, plus souriante peut être ! Germain Louvet et Hugo Marchand s’avèrent pleinement soutenus dans leur œuvre par l’interprétation bouleversante des Lieder du cycle par le baryton allemand Sean Michael Plumb. Cette voix aux couleurs profondes, arrivant avec puissance et autorité depuis les coulisses, semble comme les porter vers leur destinée ! 

Boléro : une chevalière et sa table ronde

Créé en 1961, le Boléro de Ravel demeure certainement la chorégraphie la plus connue de Maurice Béjart, que le rôle central soit tenu, d’ailleurs, par une femme à l’origine ou par un homme, plus tard, comme Jorge Donn. Elle s’inscrit au firmament de l’histoire de la danse par son caractère mythique et la fascination qu’elle continue à exercer. L’Etoile Amandine Albisson domine la scène depuis la fameuse table ronde avec ses mains radieuses, sa chevelure tournoyante, cette flamboyance qu’elle place dans tous ses mouvements et ses mouvements de pieds.

Amandine Albisson ©Julien Benhamou

Elle parvient à se singulariser de ses prédécesseurs et semble apparaître comme une proie prête à descendre de son piédestal et à s’offrir en victime expiatoire à la troupe de danseurs qui l’entourent avec frénésie. Une longue et unanime standing ovation est venue tout particulièrement saluer ce Boléro magique et ses interprètes. Il convient de saluer la rutilance de l’Orchestre de l’Opéra National de Paris placé sous la baguette inspirée et souvent incisive de Patrick Lange.  

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