AccueilA la UneLe 104 : Nouvelle cour de re-création pour le ballet de Lyon

Le 104 : Nouvelle cour de re-création pour le ballet de Lyon

DANSE – N.N.N.N et One Flat Thing, reproduced, deux pièces de William Forsythe présentées par le Ballet de l’Opéra de Lyon, précédées de Beasts Poem du chorégraphe Pierre Pontvianne. Une soirée riche de sa diversité à découvrir au 104 jusqu’au 11 mai.

Le 104 : késako ?

Le Festival Séquence Danse Paris tient sa onzième édition du 1er avril au 17 mai au CENTQUATRE-Paris. L’ancien bâtiment des pompes funèbres, réhabilité en 2008 en une halle culturelle, est riche de résidences artistiques, de productions et de rencontres. Des espaces libres sont mis à disposition des danseurs autour des boutiques et des restaurants. Ce soir, le Ballet de l’Opéra de Lyon investit la scène pour trois pièces.

Forsythe et Pontvianne : qui est-ce ?

Pierre Pontvianne, danseur de formation -lauréat du prix de Lausanne en 1999-, crée en 2004 sa propre compagnie : PARC. Ses pièces sont présentées aussi bien à la Biennale de la danse de Lyon, qu’au Théâtre de la Ville à Paris. En 2022, il chorégraphie pour le Ballet de l’Opéra de Lyon la pièce Beasts Poem.

William Forsythe, né en 1949 à New York, est désormais reconnu comme l’un des plus grands chorégraphes de notre époque. Il commence à chorégraphier à 23 ans à Stuttgart où il est aussi danseur, puis dirige le ballet de Francfort pendant 20 ans. Il fonde en 2015 sa propre compagnie. La même année, il est chorégraphe associé au ballet de l’Opéra de Paris. Ses pièces sont désormais dansées à travers le monde. Son vocabulaire est néoclassique et virtuose (il ne lésine pas sur les levées de jambes ou les tours) même si la forme de ses pièces donne parfois une impression d’improvisation.

Ils ne laur manque que la parole

Quel est le comble pour une pièce sur le lien entre danse et texte ? Ne pas en comprendre les paroles…

La soirée commence par Beasts Poem, du chorégraphe français Pierre Pontvianne. En fond sonore est diffusé un poème d’Ikram Benchrif, auquel s’ajoutent progressivement des bruits de rue, de foule, des brouhahas. Rien ne permet cependant de comprendre les vers dits en arabe, ce qui brouille les pistes d’interprétation pour laisser libre court à notre imagination.

Le Rouge et le Noir : on ne peut jamais se tromper… ©Charlène Bergeat

La pièce propose un crescendo, les mouvements individuels et l’immobilité se répondent, le tout se transforme petit à petit en un groupe uni. Le collectif tient une place centrale : même quand un seul danseur est en mouvement, c’est l’ensemble du groupe qui est impliqué. Parfois, un mouvement entraîne des répercussions sur la totalité des danseurs. Les déséquilibres et contrepoids finissent de nous prouver l’interdépendance des individus.

Si la lumière rouge du début fait des danseurs des ombres, elle devient de plus en plus blanche et frontale jusqu’à la fin qui remet en question notre interprétation : la pièce ne serait-elle pas finalement la reconstitution inversée d’une explosion ?

À lire également : Le Faust en Rouge et Noir de Jean-Christophe Maillot

Le chorégraphe français ne se place pas dans la lignée du style Forsythe (même si on reconnaît certaines inspirations dans les sauts ou dans les battements jetés), ce qui permet d’éviter une comparaison.

Jeux de mains…

Après une courte pause, on retrouve N.N.N.N de William Forsythe créé en 2002. Les quatre danseurs sont comme des enfants qui jouent avec leur propre corps. L’un découvre le balancement en poussant sa main, un autre observe la dissociation possible entre son buste et ses jambes, un autre encore expérimente la notion de poids du corps.

Tu me tiens, je tiens… ©Agathe Poupeney

Le quatuor se divise par moments, se dispute parfois mais se réconcilie dans un jeu espiègle. La pièce légère tend aussi vers l’humour dans la quête du mouvement et dans les petites farces de la chorégraphie (un des danseurs fait par exemple semblant de se tromper et est rattrapé par son ami).

S’il n’y a pas de musique, le son émane des corps : l’amplification de la respiration à l’unisson, le choc d’un mouvement sur le sol, ou le bruit exagéré des talons en marchant. L’absence de repère musical nécessite donc une écoute accrue entre les danseurs, ce qui fait la force de la pièce.

Conversation autour de N.N.N.N. de William Forsythe Opéra de Lyon

L’ADN du chorégraphe est bien présent grâce aux grands mouvements de bras et aux dégagés au buste penché. On retrouve ce qui fait la marque Forsythe : le rythme insufflé par les mouvements eux-mêmes. Ici, sans musique, c’est encore plus saisissant. La fluidité apparente de la chorégraphie pourrait donner l’illusion d’une improvisation mais cache en réalité une écriture d’une très grande précision.

À tables !

Pour la troisième pièce One Flat Thing, reproduced créée en 2006, le rideau s’ouvre sur vingt tables blanches rectangulaires organisées en quatre lignes et cinq colonnes.

Les quatorze interprètes dansent en permanence avec ces tables : ils tapent dessus,ils se cachent dessous, ils se suspendent entre deux, ils sautent dessus… Elles ne sont pas une contrainte mais une source de mouvements. Des inspirations acrobatiques ou gymnastes sont évidentes mais n’entament jamais le style unique du chorégraphe de génie.

Quand la maîtresse prend une pause…voilà le résultat ! ©Agathe Poupeney

La frénésie collective, qui fait parfois penser à une comédie musicale, est suspendue lorsque le groupe s’immobilise pour mettre en valeur un danseur.

Quand les tables quittent la salle tirées par les danseurs, le noir se fait, la pièce est finie. Les tables ne sont pas un accessoire ou un décor mais bien l’origine et la fin de cette pièce.

One Flat Thing, reproduced – Ballet Opéra Lyon, juin 2021

Les danseurs de l’Opéra de Lyon, parfaits dans cette programmation dont ils ont acquis le style, nous offrent une belle soirée. Après la fin de la dernière pièce, One Flat Thing, reproduced, une seconde de silence acte l’intensité du moment vécu, avant qu’explosent de chaleureux applaudissements.

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