AccueilÀ l'écranA l'écran - InstrumentalFritz Lang à la Philharmonie : Métro, Audio, Rétro

Fritz Lang à la Philharmonie : Métro, Audio, Rétro

CONCERT – Dérogeant au format des ciné-concerts récemment donnés dans la salle Pierre Boulez, la Philharmonie et l’Orchestre de Paris présentaient, ce week-end du 19-20 mai, Metropolis, de Fritz Lang, dans une version au plus proche de l’originale, mais sur une partition de Martin Matalon, nettement plus récente.

L’expressionisme allemand et la musique

Si vous visionnez un film germanique du début du XXème siècle, vous en ressortirez certainement avec des images et des plans vous ayant marqué la rétine au fer rouge. Il y a cependant nettement moins de chances que la bande-son vous laisse un souvenir aussi impérissable.

Fritz Lang ne fait pas exception à la règle. Si l’année 1927 marque l’apparition du cinéma parlant – dont M le maudit, également de Fritz Lang, qui marquera très vite l’histoire, notamment grâce à une utilisation redoutable de la musique intradiégétiqueMetropolis n’aura pas cette chance, et devra se contenter d’une musique d’accompagnement de Gottfried Huppertz.

Metropolis Upgraded

La bande-son de Martin Matalon ne s’appelle toutefois pas Metropolis, mais bien Metropolis rebooted ; et ce titre est ô combien justifié lorsque l’on connait le sort du film. Après une première chaotique à Berlin, ce dernier a en effet subi moult coupes et remontages. Ce n’est finalement qu’en 2008, au musée du cinéma de Buenos Aires -tout lien avec l’Allemagne des années 30 est assurément fortuit- qu’une copie en 16mm sera retrouvée par la fondation Murnau, avec la quasi totalité des scènes coupées (près de 25 minutes, tout de même). Deux ans et un colossal travail de restauration plus tard, une version quasi-intégrale sera enfin disponible.

À lire également : Metropolis rebooted à Bruxelles

Si elle est moins rocambolesque, la création de la bande-son de ce soir a également eu son lot de péripéties. Elle fut initialement commandée par l’Ircam en 1995, et révisée en 2011. Puis, une nouvelle commande de la Philharmonie de Paris, de l’Orchestre du Gürzenich de Cologne et du Festival Ars Musica lui impose une réécriture en profondeur. De 16 instruments, on passe à 95, auxquels se rajoutent une cohorte d’ingénieurs du son, chargés de synchroniser les effets sonores et de gérer la sonorisation – certains effets ou pupitres sont sonorisés sur différentes enceintes dans la salle, le tout évoluant constamment. Certains passages sont également supprimés pour faire place à de nouvelles sections, intégrant des instruments absents dans la version initiale.

Que cherche Matalon ?

Dans la salle, la lecture du programme nous apprenait que : « L’orchestration participe également de cette logique de complémentarité et de divergence. Elle allège l’atmosphère expressionniste du film en intégrant aux instruments de l’orchestre des timbres et des modes de jeux provenant de traditions qui lui sont étrangères ». Savante manière de dire que, quand bien même le film était expressionniste, la musique ne le serait pas nécessairement toujours. Au point que, par moment, le son dessert l’image, dans sa volonté de la concurrencer.

Nonobstant ce point, l’on retiendra, parmi les réussites de Martin Matalon, un réel succès à accompagner les changements d’ambiance au fil de la pellicule, ainsi qu’une utilisation fort fine et millimétrée du silence. Si, dans certains passages, la tension dramatique est admirable -notamment durant la transformation du robot en Maria-, on s’interroge toutefois sur la réceptivité d’un public de ciné-concert (et donc davantage cinéphile que mélomane dans l’ensemble) concernant une partition aussi savante de près de 2h30.

La machine Kazushi Ōno

Sur scène, observé de loin, le chef Kazuchi Ōno semble de prime abord aussi machinal que l’univers qu’il décrit. La battue est ample et précise, mais parait dénuée de musicalité. Toutefois, après avoir renégocié un replacement 25 rangs plus près à l’entracte, on se rend compte qu’il n’en est rien ; il est alors possible de distinguer toute la finesse et l’expressivité du chef à travers les subreptices oscillations de sa baguettes.

Pour lui répondre, l’Orchestre de Paris est au rendez-vous et semble ravi de se prêter à l’exercice ; comme en témoigne l’attention des musiciens pour le film entre deux attaques. Lors des saluts, le public – s’étant pourtant comporté comme s’il était au cinéma durant la représentation, à l’exception des pop-corn- lui réservera un accueil chaleureux ; particulièrement enthousiaste pour le violoncelle solo et le violon solo, admirables ce soir-là dans leurs soli il est vrai.

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