AccueilA la UneLa danse hybride de MOMO, par Ohad Naharin

La danse hybride de MOMO, par Ohad Naharin

DANSE – La nouvelle création hypnotique de l’inventeur de la Gaga Danse qui propose une liberté de créativité et de mouvement dans un cadre bien défini. Un nouveau concept où les danseurs font appel à leur imagination et à leur lâcher prise.

 

Gaga : késako ?

Momo n’est pas le nom du dernier resto italien à la mode sur Paris, mais bien la dernière création du talentueux chorégraphe israélien Ohad Naharin, chorégraphe principal de la Batsheva Dance Company de Tel Aviv et créateur du langage corporel Gaga. Maître incontestable de la scène contemporaine, certaines de ces créations sont devenues incontournables. Pour n’en citer que quelques-unes :  Decadance, Hora ou Kamuyot. Elles ont influencé de nouveaux chorégraphes comme Schechter et Eyal. Sa dernière création Momo n’échappe pas à la technique Gaga et résulte bien de ce concept complètement novateur, qui a permis aux danseurs de conscientiser les formes du mouvement et de développer des sensations pour inventer de nouvelles gestuelles. En résumé, cette nouvelle création propose de la liberté de mouvement dans un cadre bien défini. 

Petit tuto Gaga, par son créateur lui-même !

MOMO : Fusion des styles 

Avec MOMO, Ohad Naharin a poussé les limites encore plus loin, car il a écrit séparément deux pièces chorégraphiques qu’il a ensuite fusionné sur scène. Il l’explique de cette façon : « La pièce combine deux travaux distincts. J’ai scindé la compagnie en deux groupes, et pour chacun d’entre eux, j’ai créé un spectacle complet. Et puis je les ai assemblés dans un seul lieu, au même moment. Je voulais me lancer un défi, et explorer des territoires que je n’avais pas exploré dans mon processus habituel ». Quatre hommes virils rencontrent alors sept électrons libres avec des personnalités bien trempées. Mais cette collision n’est pas violente, bien au contraire, elle débouche sur une joie de vivre. 

Ohad Naharin ©Ilya Melnikov

MOMO : masculin/féminin

Vous l’avez donc compris, MOMO c’est avant tout la lutte entre de deux mondes qui s’affrontent sur la musique de l’album Landfall de Laurie Anderson et du Kronos Quartet. Le premier groupe est composé de quatre beaux garçons musclés, torses nus avec de larges pantalons de treillis. Ils avancent lentement et regardent vers le sol tout en formant qu’une seule entité grâce à leurs mouvements à l’unisson totalement synchronisés sur la musique. Pas de gestes déplacés, mais uniquement des gestes millimétrés. Toute la chorégraphie est minutieusement chronométrée. Ils ont la rigueur d’un groupe de militaires voire de moines bouddhistes quand ils viendront escalader le mur du fond pour se retrouver en position tailleur en apesanteur. Ils incarnent un archétype de la masculinité et de la viralité.

Boys, boys boys ©ascaf

Le deuxième groupe complètement hétéroclite que ce soit par leur genres ou leurs costumes extravagants est composé quant-à-lui de sept danseurs et danseuses en quête de leurs identités. Ils surgissent un à un sur scène, laissant complètement parler leur corps. On plonge alors dans le cœur de la Gaga Danse. Par exemple, un homme vêtu d’un tutu rose est traversé par des spasmes. Un autre corseté avance à demi-pointes. Ils virevoltent, sautent et se mouvent en faisant appel à leur imagination débordante pour sortir des gestuelles connues de la danse.  Chaque danseur incarne alors une personnalité bien trempée qu’il a choisi et y va donc son interprétation et chorégraphie personnelle. Il ajoute littéralement sa patte créative à sa chorégraphie. Comme l’explique, l’une des danseuses Londiwe Khoza « Nous n’avons travaillé avec Ohad qu’au bout de trois ou quatre semaines d’expérimentations sur le spectacle. Nous étions vraiment seuls pour créer pendant qu’il travaillait avec les quatre hommes ». Il en résulte donc que pour la première fois,les danseurs sont crédités en tant que co-auteurs du spectacle. 

Sous le regard de… ©ascaf

Une lutte – miroir de notre société actuelle ?

Pendant une heure, ces deux mondes vont cohabiter tant bien que mal. Avec une première lecture rapide, nous pensons qu’Ohad Naharin flagelle les dictatures militaires et les stéréotypes de la virilité toxique et encense l’individualité et son originalité. « Venez comme vous êtes » pourrait prôner MOMO, qui ne serait pas sans rappeler une ancienne pub de MacDonald’s. S’affirmer telle que l’on est sans tenir compte du regard des autres. Une seconde lecture permettrait de voir aussi dans MOMO une fragmentation de notre société actuelle que ce soit aussi bien sociale, territoriale ou culturelle, une société qui perdrait le socle de valeurs communes, une société qui périclitait. En effet nous pouvons entrevoir que le groupe des hommes commencent à avoir des pulsions guerrières et sexuels alors que l’autre groupe essaye de se rapprocher délicatement pour ne former plus qu’un. Bref, plusieurs lectures de MOMO sont possibles ce qu’il n’altère pas le travail des danseurs de la Bastheva Dance Company, qui étaient incroyables.

À lire également : Pit, danser dans l'abîme

Ohad Naharin nous a encore une fois plus fasciné avec cette chorégraphie hypnotique qui soulève pas mal de questions. Et cela nous a donné envie de reprendre un cours de Gaga Danse pour un lâcher prise de notre corps et faire exploser nos sentiments par la gestuelle. 

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