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Nathalie Stutzmann sort les héros de l’ombre

INTERVIEW – La chanteuse lyrique à l’extraordinaire voix grave est à l’affiche. Tout en chantant, elle dirige son ensemble Orfeo 55 dans un programme intitulé « Haendel, les héros de l’ombre » : un éventail d’airs des seconds rôles du compositeur baroque.

Vous jugez les seconds rôles de Haendel plus intéressants. Pourquoi ?
N. S. : j’ai ce projet en tête depuis 20 ans. En arrivant aux répétitions pour jouer le rôle titre de Amadigi Di Gaula de Haendel, j’ai entendu un air de Dardano et je me suis dit : c’est si beau, pourquoi je ne chante pas ça ? Le rôle-titre sont souvent un héro mythologique, c’est à dire quelqu’un qui gagne forcément, qui séduit la personne qu’il aime… C’est très ennuyeux à jouer ! Les sentiments des seconds ou troisièmes rôles sont plus nuancés : faiblesses, jalousie, conflits intérieurs, etc. Ce programme a eu du mal à convaincre les programmateurs mais séduit au final beaucoup le public. Haendel est très à la mode !

Vous êtes une femme avec une voix grave, incarnant des hommes. Cette expérience particulière du genre vous aide-t-elle dans votre fonction de chef d’orchestre?
N. S. : je n’ai jamais poser la problématique ainsi mais il y a sans doute de ça ! Je rêvais de diriger depuis l’enfance. Si je l’avais fait moins jeune, les mauvaises langues auraient dit que je dirigeais car je ne pouvais plus chanter. J’attendais que l’époque soit favorable pour les femmes chefs d’orchestre. L’opéra était un milieu très machiste mais l’on sent actuellement un mouvement… J’ai l’habitude d’être une pionnière même si c’est parfois fatiguant !

Je dirige non seulement Orfeo 55 mais aussi des orchestre modernes (elle vient d’être nommée artiste associée à l’orchestre symphonique de São Paulo, ndlr). Chaque fois que je suis devant un orchestre je suis guettée. Il faut prouver, faire une forte impression. C’est plus facile pour moi d’avoir une autorité naturelle car… Je fais 1m80 ! Les chefs hommes de petite taille en font souvent trop (rires). Au bout de 15 minutes, les musiciens m’appellent Maestro ! Je leur fait oublier que je suis une femme.

Votre voix est dite « cuivrée » ou « argentée » : qu’est ce que ça veut dire?
N. S. : la voix d’alto déclenche souvent des commentaires très poétiques ! (Rires) Récemment on m’a décrite comme une « ogresse funambule », sans doute la plus belle définition de mon personnage. Cette voix est terrienne par opposition aux voix de femmes aiguës « angéliques ». L’alto touche à la Terre, à la Erda chez Wagner, la planète… d’où des références au minéral et à la pierre. C’est une voix qui ne laisse jamais indifférent.

Jeudi 15 octobre 20h30 Pin Galant. 10 à 45€. Tel: 05 56 97 82 82. Le 11 novembre à l’opéra de Monte-Carlo. Le programme du concert est disponible en CD « Heroes from the Shadows » (Erato). 

Article paru dans Sud Ouest du 13 octobre 2015.

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