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La playlist classique de Marie Perbost, soprano

PLAYLIST – Récemment nommée Révélation artiste lyrique aux Victoires de la musique classique, la soprano Marie Perbost nous a soumis une playlist 100% vocale -on ne se refait pas !-, dans laquelle elle se livre à cœur ouvert. Elle y fait part de ses tourments, ses doutes, ses frustrations, ses incertitudes, mais aussi de sa formidable énergie et de son optimisme à toute épreuve. Une playlist à retrouver également sur nos chaînes sur YouTube et Spotify.

Dans la vie d’avant, nous vous parlions du grain de folie de la soprano Marie Perbost, suite à sa nomination comme Révélation artiste lyrique aux Victoires de la musique classique. Nous vous disions aussi qu’elle devait interpréter Platée de Rameau à Toulouse et Versailles, et que sa saison printemps/été s’annonçait plus que chargée.

Le cours des événements en ayant décidé autrement, c’est à présent dans son abri de jardin, entre un sac de terreau et une tondeuse à gazon, qu’elle répète ses vocalises. Laissons-lui la parole …

« Le confinement provoque en moi de grands allers-retours émotionnels, comme si le fait d’être confiné accélérait la fréquence et l’intensité de ces émotions. À ma décharge, ces derniers mois ont été absurdement radicaux, passant d’une exposition intense avec ma première télévision à l’isolement du confinement.

J’ai eu envie de vous partager des montagnes russes à travers des morceaux qui, d’une manière ou d’une autre, me touchent, m’accompagnent et me portent. Puissent-ils vous offrir un réconfort si besoin est.

BRITTEN, Deo Gratias
Cette pièce des Ceremony of carols (musiques pour le temps de Noël) de Britten est comme une prière guerrière enfantine ! Un exorcisme magique contre les soucis (et autres virus…). Enfant, à la Maîtrise de Radio-France, j’ai eu la chance d’être biberonnée à ces puissantes harmonies immuno-boostantes !

Les Frères Jacques, La violoncelliste
« La Sido jouait du violoncelle, dans l’espoir de trouver un Chopin » : dans cette chanson, les Frères Jacques se moquent délicieusement des musiciens. De notre côté, je ne vous cache pas que nous, musiciens, rions un peu sous cape. Un collègue me faisait remarquer : « le confinement, finalement c’est un peu notre quotidien ». La pratique journalière de la technique et la préparation des œuvres est parfois bien solitaire. Si l’annulation de tous les concerts est un crève-cœur, j’essaye de voir le positif de la situation : se consacrer pleinement à notre art sans trop de distractions et s’offrir le luxe de retrouver le plaisir de l’effort pour l’effort et pas pour un résultat rapide et immédiat. 

Antonin DVORAK, mesicku na nebi hlubokem
Il faut « réussir » son confinement. Cette affreuse injonction sociale m’a agressée puis fait réfléchir : le manque de temps n’est plus ma maladie chronique, c’est l’occasion de réaliser des fantasmes ! Je me suis mise au répertoire tchèque, belles âmes s’il en est ! Ce Chant à la lune, de Dvořak, m’en a donné envie. Je bute encore un peu sur le ř… mais j’ai le temps :).

Giacomo PUCCINI, Addio, mio dolce amore
Ces trop pleins d’émotions m’ont rendue particulièrement sensible à la musique de Puccini. Sa grandiloquence me transporte. Ses héroïnes me donnent du courage. Puccini dans mon casque pendant que je fais les courses, et je deviens une héroïne vériste au cœur pur, armée contre la fatalité du cruel destin ! Je vous assure que seule au supermarché, ça aide.

Wilhem STENHAMMAR, I Lönnens Skymning
Dans mon quotidien hors confinement, je dors rarement une semaine entière au même endroit. La vie de chanteuse lyrique est nomade, ce qui n’est pas sans me déplaire ! J’ai grandi sur une péniche, je suis une fille du voyage. Alors deux mois dans le même lit, je dépérissais à vue d’œil. Mon conjoint est créatif : après avoir simplement changé l’orientation des oreillers (ça a bien aidé), il a planté une tente dans le jardin. Quelle joie ! J’aurais même pu embrasser le coq qui nous a réveillés à 5h du matin. Cette mélodie en suédois, par Anne-Sofie von Otter, qui parle de repos à l’ombre de l’érable, m’évoque cette aventure.

Maurice RAVEL, Trois beaux oiseaux de paradis
J’ai été interpellée par la comparaison de notre expérience avec la génération qui a connu la guerre : « Interdiction de souffrir du confinement, c’est quand même merveilleux d’être chez soi avec Netflix ». Difficile de comparer l’incomparable. Et Ravel le dit si bien, avec cette ultime pudeur et son air de ne pas y toucher ! Je bois les paroles de cette chanson, dont il écrivit également le texte.

Antonio CALDARA, Pompe inutili
Ce retrait imposé permet de s’interroger sur son rapport à la scène : si je fais de la musique, est-ce pour les applaudissements, la reconnaissance sociale ? ou pour le plaisir pur, physique que me procure le fait de chanter ? Cet air sublime de Caldara est une troublante méditation sur la vanité : « Inutiles pompes, qui encouragez l’orgueil, n’espérez plus donner de tourment à mon cœur. Tombez à terre, Viles images de mes erreurs. » Il parlait certainement de l’auto-promotion des artistes sur Facebook ; quel visionnaire ce Caldara !

Irving BERLIN, Cheek to cheek
Bon c’est déconseillé en ce moment, c’est sûr, de se retrouver joue à joue. Alors je vous propose de mettre masque et gants, et de faire un petit boogie-woogie endiablé. Ça vous dégourdira les pattes et vous évitera de devoir faire des abdos devant C8 pour avoir un corps parfait post-confinement.

Johann-Sebastain BACH, Schlummert ein, ihr matten Augen
Fatigués de cette danse effrénée, « endormez-vous, yeux las! Fermez-vous doucement et heureusement ! », sans crainte, bercés par le velours câlin de Lorraine Hunt, laissez-vous passer vers la journée suivante.

Hubert GIRAUD, La tendresse
Rien à ajouter. Tout est si bien dit. J’ai hâte de vous retrouver et vous embrasse. »

LE BONUS de la RÉDACTION

La Tendresse, symphonie confinée
Réunis par le chanteur et guitariste Valentin Vander, 45 musiciens et chanteurs ont interprété à distance ce tube de 1963.

Liste détaillée des œuvres :

  • BRITTEN, Deo Gratias, extrait de Ceremony of Carols
  • LES FRÈRES JACQUES, La violoncelliste
  • Antonin DVORAK, mesicku na nebi hlubokem (le chant à la lune), extrait de Rusalka
  • Giacomo PUCCINI, Addio, mio dolce amore (adieu mon doux amour), extrait de Edgar
  • Wilhem STENHAMMAR, I Lönnens Skymning (à l’ombre de l’érable)
  • Maurice RAVEL, Trois beaux oiseaux de paradis
  • Antonio CALDARA, Pompe inutili (pompes inutiles), extrait de Maddalena ai piedi di Cristo (Marie-Madeleine aux pieds du Christ)
  • Irving BERLIN, Cheek to cheek (joue contre joue)
  • Johann-Sebastain BACH, Schlummert ein, ihr matten Augen (endormez-vous, yeux las), de la Cantate BWV 82
  • Hubert GIRAUD, La tendresse

Retrouvez cette playlist sur notre chaîne YouTube et sur Spotify

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