AccueilCritiquesBarbara Hannigan, une diva sur le podium

Barbara Hannigan, une diva sur le podium

COMPTE-RENDU – Une grande diva est-elle automatiquement une grande cheffe d’orchestre ? Le concert de Barbara Hannigan à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France permet une réponse. Une réponse qui repose sur un programme choisi avec une vraie intelligence musicale autour de Igor Stravinsky, Kurt Weill et Jacques Offenbach.

Barbara Hannigan est une diva. Comme soprano, elle est une star de la musique contemporaine, avec 85 créations mondiales au compteur. Elle a collaboré avec les grands compositeurs de notre époque, de Boulez à Stockhausen en passant par George Benjamin. Mais elle est une diva qui aime les défis et prendre des risques, comme celui de la direction d’orchestre.

Vendredi 28 mai, c’est surtout en cette qualité qu’Hannigan est montée sur la scène de la Grande Salle Pierre-Boulez de la Philharmonie de Paris. L’objectif : assurer la direction de l’Orchestre philharmonique de Radio France dans un beau programme placé sous le signe de la danse.

© Marco Borggreve
Ballet avec chants

En 1919, Serge Diaghilev (1872-1929) fait appel à Igor Stravinsky (1882-1971) pour créer un ballet avec chants, inspiré de la Comedia dell’Arte, sans doute avec l’espoir de renouer avec les succès de leurs précédentes collaborations. Sans le savoir, Diaghilev provoque un tournant majeur dans l’œuvre du compositeur russe, celui de la période néo-classique de Stravinsky.

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En cherchant dans les partitions de Pergolèse et ses contemporains, confiées par Diaghilev, Stravinsky a une révélation : “Pulcinella fût une découverte du passé, l’épiphanie grâce à laquelle l’ensemble de mon œuvre à venir devint possible. C’était un regard en arrière, certes, la première histoire d’amour dans cette direction-là, mais ce fût aussi un regard dans le miroir« , écrit-il à la fin de sa vie.

La performance des musiciennes et musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France a permis de voir qu’en ce début de reprise des concerts, l’orchestre est en grande forme. Un collectif magnifié par les solos d’Olivier Doise au hautbois, Magali Mosnier à la flûte et Julien Hardy au basson. Côté voix, Julia Dawson, Ziad Nehme et Douglas Williams ont interprété avec beaucoup d’engagement l’histoire rocambolesque des succès amoureux de Polichinelle. 

Instinct et énergie

Et Hannigan comme cheffe, ça donne quoi ? Sa direction d’orchestre est plus instinctive et énergique que précise. Un manque de clarté nuisait à l’équilibre entre les pupitres, les plans sonores étant par moment brouillés. Dans l’alliage entre charisme et technique que nécessite la direction d’orchestre, Barbara Hannigan a incontestablement le charisme et l’intelligence musicale, mais pas encore totalement la technique.

En 1938, les Ballets Russes, devenus les Ballets de Monte-Carlo après la mort de Diaghilev, traversaient une période financièrement délicate, et demandèrent au compositeur Manuel Rosenthal de concevoir un ballet à partir de thèmes populaires de Jacques Offenbach (1819-1880). Avec le petit-fils du compositeur, Jacques Brindejonc-Offenbach, Rosenthal choisit dans les plus grandes œuvres du père de l’opérette (La Belle Hélène, Orphée aux enfers, La Vie parisienne) les morceaux les plus adaptés à la danse.

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Bulles de champagne

Cette musique brillante et légère comme des bulles de champagne aurait mérité un traitement un peu plus raffiné que la direction très brute et carrée de Barbara Hannigan. Si elle a su insuffler le rythme et l’énergie indispensables à l’interprétation de cette musique, sa tendance à faire jouer fort les excellents musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France ne permettait pas totalement d’apprécier l’orchestration scintillante et légère de ces tableaux de La Vie parisienne.

Pour finir, Barbara Hannigan a clôturé la soirée en chantant avec beaucoup de sensualité le célèbre tango-habanera Youkali de Kurt Weill, ainsi qu’un bis du même compositeur, Lost in the Stars. Pour ces deux mélodies, sa voix était amplifiée, comme cela avait été le cas en 2017, pour son interprétation de Crazy Girl, un choix artistique qui détonne par rapport au reste du concert non-amplifié. Jugez vous-même : le concert est disponible en accès libre et gratuit sur le site de la Philharmonie Live.

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