AccueilA la UneÀ Vienne, la musique vit et pense, dans Speicher d'Enno Poppe

À Vienne, la musique vit et pense, dans Speicher d’Enno Poppe

CONTEMPORAIN – Speicher (« Mémoire ») d’Enno Poppe imagine la musique comme un organe vivant et pousse les limites de la capacité sonore des instruments et la virtualité des musiciens. Le Klangforum Wien et Bas Wiegers relèvent le défi avec grâce et intelligence, au Konzerthaus de Vienne. 

Les 6 parties de Speicher (Mémoire) du compositeur allemand Enno Poppe émergent entre 2008 et 2013, avec en tout 22 variations. L’ensemble de la pièce devrait durer exactement 70 minutes. Pourtant, son exécution est souvent beaucoup plus longue. Celle du Klangforum Wien et Bas Wiegers au Konzerthaus de Vienne dure à peu près 95 minutes. 

Le premier numéro de Speicher, dédié au Klangforum de Vienne
Le Klangforum Wien et Bas Wiegers relèvent le défi

Le choix des interprètes tombe bien : non seulement le Klangforum Wien compte parmi les meilleurs ensembles spécialisés dans la musique moderne et contemporaine, mais les première et sixième parties de « Speicher » luk sont également dédiées. Au pupitre, Bas Wiegers dirige avec charme et efficacité, assurant non seulement la clarté d’intention dans les nuances et l’intensité, mais aussi la nature et les caractéristiques de la composition. 

Bas Wiegers et le Klangforum de Vienne ©Klangforum Wien
Une richesse sonore tout à fait organique

La virtuosité unie du Klangforum Wien et Bas Wiegers transpose la vision de la composition comme un organe vivant, en réalité. Les cordes crient et gémissent dans tous les registres, d’une sonorité tantôt syncopée, tantôt dense et vigoureuse, tantôt murmurante…, puis les cuivres réagissent à ces appels et, lentement, le piano s’éveille, suivi par la percussion. Dans le crescendo final, les vagues montent jusqu’à une cacophonie — et oui, c’est tout à fait normal que cela incite une réaction corporelle — puis se dispersent à nouveau, tantôt comme du brouillard à l’arrivée du jour, tantôt en éclats fulgurants qui suscitent des vagues de murmures, de percées, de réponses. À la fin, ce sont des sons tout à fait organiques, même humains, qui jaillissent. Comme des secousses du corps et de sa pensée.

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Et si la musique possédait sa propre volonté ?

« Le phénomène musical n’est jamais abstrait, » tel est le point de départ de Poppe, qui se demande « comment se comportent les idées, si elles sont mises à rude épreuve pendant plus d’une heure ? ». Une « rude épreuve » pour les instruments et les musiciens, c’est sûr, et, derrière cette grandiose tentative, est un compositeur qui rend à la musique son autorité de penser, de réagir, et surtout… de vivre. Après tout, « la musique est quelque chose de vivant », dans les termes du compositeur lui-même. 

NDLR : Toutes les citations sont prises du texte dédié au compositeur, rédigé par Björn Gottstein et qui figure dans le programme de salle fourni par le Konzerthaus de Vienne.

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