AccueilA la UneGéniale supercherie: les concertos que Bach n’a jamais écrits

Géniale supercherie: les concertos que Bach n’a jamais écrits

CONCERT – Dans le cadre du weekend “Orgues” à la Philharmonie, Bart Jacobs et les Muffatti ont proposé une reconstitution de concertos pour orgue, à partir d’un florilège d’oeuvres de Bach dans lesquelles cet instrument est à l’honneur: une reconstitution plus vraie que nature, propre à dérouter les bachophiles les plus mordus.

Historiquement incorrect

Au grand désespoir des organistes – qui ne jurent pourtant que par lui – Bach n’a pas laissé de concerto pour orgue. Haendel au contraire en a composé seize, ce qui n’empêche pas Carl Philippe Emmanuel d’affirmer: “Écrire au sujet du jeu à l’orgue que Haendel ait dépassé mon père, personne ne peut le dire en Angleterre, ou l’on ne trouve que des orgues insignifiants et, remarquons-le, sans pédalier”. Sans entrer dans la polémique, on peut regretter que le cantor de Leipzig ne s’y soit pas risqué.

Bart Jacobs a quitté le clavecin pour l’orgue de la salle Pierre Boulez dans cette reconstitution fictive d’un concerto de Bach ©Willem Rosiers
Musicologiquement correct

Pourtant, les Muffatti et Bart Jacobs ont proposé à leur public trois concertos complets. Unité tonale, alternance de mouvements vifs et lents, dialogue concertant entre l’orchestre et l’instrument soliste: tout y était. Sur quels fondements?

D’une part, certaines cantates de Bach comportent de longs moments d’orgue obligé. Son plus jeune fils, Wilhelm Friedemann, excellent organiste, en aurait peut-être été le destinataire. Les sinfonias sont faciles à extraire et peuvent être jouées pour elles-mêmes.

À lire également : Sur les traces de Bach, Gilles Cantagrel chasse les fake-news

D’autre part, Bach lui-même n’hésite pas faire plusieurs usages d’une même idée musicale. De son premier concerto pour violon, il tire par exemple une version pour clavecin. C’est donc tout naturellement que Bart Jacobs et les Muffatti, mettant leur pas dans les siens, en ont produit une version pour orgue. Quelques enrichissements, quelques transpositions, quelques variantes dans l’écriture instrumentale, et le tour est joué ! Comme l’écrit Gilles Cantagrel, “Ce qui est certain, c’est la circulation de certaines musiques que l’on trouve comme concertos pour violon, puis comme concertos pour clavecin, comme sinfonias de cantates, dans des transcriptions et adaptations diverses réalisées par Bach lui-même. Il est donc parfaitement légitime d’imaginer ce qu’auraient été ses concertos pour orgue.”

L’ensemble Les Muffatti ©F. CResens
Musicalement très correct

Le résultat de cette reconstitution sonnait avec un naturel qui a désarmé les Sherlock en herbe dans la salle. Toutes les cordes des Muffatti et tous les tuyaux de Bart Jacobs se sont réunis pour proclamer le bonheur de jouer Bach, aussi frappant dans la complainte (cantate BWV 156, “Ich steh’ mit einem Fuss im Grabe”) que la jubilation (BWV 29, “Wir danken dir”). La dernière cadence en particulier, grande démonstration de virtuosité sur trois claviers, aura certainement été retenue du public comme une authentique expérience de joie. D’une joie qui ne passe pas.

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